La mère, l’arbre et l’enfant

    Sans doute répondant à quelque mystérieuse injonction, l’enfant s’est arrêté devant l’arbre dont il a imaginé l’aspect, personnalisé formes et couleurs, calculé la circonférence, entrepris l’escalade, compté les oisillons qui s’y nichent.
    D’un coin de sa fenêtre, sa mère l’observe, un crayon à la main, évoquant à voix haute une chaude gerbe de souvenirs.
    En elle la grâce et la beauté qui manquent à l’arbre, en elle le cyclone qui le couchera, la crue qui le noiera, et plus tard peut-être, la récolte des fruits.
    Vaincue par la somnolence de ce début d’après-midi, elle relâche esprit et corps, abandonnant le tracé millimétré de la distance qui la sépare de son fils.
    Au bout du dessin inachevé, juché sur une grosse branche, l’enfant rit, tandis qu’une des roues de sa bicyclette, qu’il vient de renverser au pied de l’arbre, tourne encore dans le vide.
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