Hallali

   Par un vigoureux bombement du torse, j’ai bravé les rires qui fusent des fenêtres, j’ai forcé l’accès aux écrins de verdure, j’ai happé les pestilences citadines.
   J’ai rassemblé en écheveau les ombres funèbres, j’ai éclaté sous mes semelles les racines théâtrales. Mes hurlements flétrissent les sémaphores. (Dans la rue, les trottoirs se sont arrêtés, rivés aux murailles à peine écloses).
   Vous m’avez intercepté à hauteur d’un dos d’âne en charpie, vous m’avez sommé de me taire. Mais j’ai sonné l’hallali jusqu’à la lie, faisant pleuvoir des pantins de cire. (Deux écureuils se disputent le gland du futur).
   J’ai arraché les clous des passages, j’ai cautérisé les plaies goudronnées. J’ai gravi les façades bétonnées et brisé les vitres blafardes. (Des cheminées de marbre s’échappent les fruits croquants du charbon).
   Juché sur une gargouille d’où vagit une gouttière de vinyle, j’ai harangué une foule monochrome, occupée à ne voir, ni entendre.
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